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« En développant le dépistage, nous pouvons nettement améliorer la survie du cancer du sein »

17 octobre 2022 • ACTUALITÉS

En France, nous détectons environ 60 000 nouveaux cas de cancers du sein par an. Aujourd’hui, lorsque le diagnostic est posé précocement, le taux de survie est élevé. Le Docteur Julien Melchior est chirurgien sénologue (médecin spécialisé du sein) à l’Hôpital de Saint-Avold. Il rappelle l’importance du dépistage.

Octobre Rose vise à rappeler que le dépistage précoce est essentiel pour soigner le cancer du sein. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Plus un cancer est diagnostiqué tôt, plus il a de chances d’être encore localisé, et ainsi traité par une chirurgie partielle, une radiothérapie et si la tumeur est hormono-dépendante la femme bénéficiera d’un traitement « hormonal » au long cours, jusqu’à 7 ans, qui va significativement augmenter le taux de survie et les chances de guérison.  Dans le cas contraire d’autres traitements adjuvants devront être envisagés.

Le cancer du sein a une histoire infraclinique assez longue d’environ 3 ans. C’est-à-dire que pendant ces 3 ans, la palpation ne permet pas de repérer une tumeur déjà existante. Mais avec la mammographie, couplée à une échographie, on peut détecter des tumeurs dès 5 millimètres, dans des seins adipeux tels qu’on les trouve chez des femmes ménopausées de plus de 50 ans.

Le dépistage organisé par mammographie permet de trouver ces cancers infracliniques, donc encore localisés, qui vont pouvoir bénéficier de telles prises en charge. C’est une avance au diagnostic significative !

Aujourd’hui, pourtant, le cancer du sein est à l’origine de 12 000 décès par an en France. Pourquoi ?

Contrairement aux pays nordiques, en France on a moins la culture de la prévention. Ceci se traduit dans les faits par une participation nationale au dépistage organisé du cancer du sein d’environ 52,6% de la population invitée (femmes de 50 à 74 ans). Cette participation a même chuté à 42,6% en 2021 du fait de la pandémie. Notre taux de participation est nettement insuffisant.

Le but principal du dépistage organisé du cancer du sein est de réduire à terme la mortalité de façon significative. Pour l’atteindre la participation devrait se situer idéalement autour de 80%. Si l’on inclut dans le calcul de ce taux de participation les femmes qui font un dépistage individuel sur prescription médicale, on arrive à un taux de couverture d’environ 65% en France ce qui reste toujours très insuffisant. On doit utiliser ce mois d’octobre  rose pour sensibiliser les femmes, pour les amener à faire leur mammographie de dépistage le plus tôt et le plus régulièrement possible. Et au-delà toute forme d’incitation tout au long de l’année sera la bienvenue.

En images : les établissements de Santé du Groupe SOS sont très mobilisés en ce mois d'Octobre pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein.

A qui s’adresse le dépistage ?

A partir de 50 ans, le dépistage c’est tous les 2 ans. Avant la ménopause, les seins sont denses, les mammographies sont alors moins faciles à lire. Le dépistage s’adresse donc aux femmes à partir de 50 ans, car c’est la moyenne d’âge de la ménopause, jusqu’à 74 ans. A partir de la ménopause, les seins deviennent graisseux et les mammographies sont plus faciles à interpréter car leur aspect sombre permet de mieux voir par contraste les densités d’aspect blanc occasionnées par les tumeurs. De plus cette période coïncide avec l’âge auquel on développe le plus le cancer du sein (50-70 ans). Il est donc stratégique de généraliser le dépistage à partir de cet âge.

Et avant 50 ans ?

Le dépistage organisé n’est pas adapté aux femmes de moins de 50 ans. Le taux de cancers qui ne seraient pas diagnostiqués serait trop important (faux négatifs). Cependant l’incidence du cancer du sein augmente déjà entre 40 et 50 ans surtout chez des femmes à risques : femmes avec une histoire personnelle mammaire (calcification, biopsies, kystes), femmes avec des antécédents familiaux de cancers du sein, ou femmes ayant subi une irradiation de la cage thoracique, par exemple pour le traitement de certains lymphomes.

Une expérimentation est actuellement en cours pour proposer un dépistage organisé ciblant ces populations à risques.

Quelques facteurs de risque…

Les cancers du sein augmentent avec l’âge. 75 % des cas se révèlent après 50 ans et un âge moyen d’apparition de 61 ans.

  • Les antécédents familiaux de cancer du sein (les mutations génétiques)
  • Une histoire de pathologie mammaire personnelle ( microcalcifications, kyste, biopsie ……)
  • Irradiation de la cage thoracique.

La durée d’exposition aux œstrogènes est également un facteur de risque. Plus elle est longue, plus on a de risque de développer un cancer du sein. A partir de la puberté, les ovaires d’une femme produisent des œstrogènes. Cette production s’étale jusqu’à la ménopause, ensuite elle s’éteint. Ensuite les œstrogènes continuent d’être sécrétés par le tissu graisseux et par les glandes situées au-dessus des reins. Cela veut dire qu’une fille qui a eu ses règles à 10 ans et est ménopausée à 60 ans aura eu 50 ans d’exposition aux œstrogènes. Elle aura été plus exposée qu’une fille réglée à 17 ans et ménopausée à 45 ans par exemple et aura ainsi davantage de risques de développer un cancer du sein.

Un autre facteur important, et dans le même ordre d’idée, c’est l’obésité chez la femme ménopausée.  Celle-ci va secréter davantage d’œstrogènes, vu sa masse graisseuse, ce qui augmente donc fortement son exposition à cette hormone.

  • Les traitements hormonaux de la ménopause de plus de 5 ans en particulier chez des femmes à risques.
  • Première grossesse tardive

Plus généralement et concernant la plupart des cancers il faut insister sur la consommation d’alcool, le tabagisme et la sédentarité. L’arrêt de l’alcool et du tabac, et la pratique régulière d’une activité physique permettent de réduire de façon significative l’incidence de la plupart des cancers.

Le dépistage ça se passe comment ?

La femme se présentera au cabinet d’un radiologue de son choix, avec l’invitation qui lui aura été envoyée par sa caisse d’assurance maladie. Elle bénéficiera de sa mammographie, et si estimé nécessaire par le radiologue, d’une échographie complémentaire. Ses examens bénéficieront d’une première interprétation par le radiologue du cabinet étant ainsi le premier lecteur. Les mammographies seront ensuite envoyées au Centre de Coordination des Dépistages des Cancers du département, où elles bénéficieront d’une deuxième lecture réalisée par un radiologue expert dit deuxième lecteur. Cette seconde lecture détecte 6 à 7% de cancers supplémentaires. A contrario, dans le cadre d’un dépistage individuel sur prescription médicale, il n’y a pas de seconde lecture.

Que pensez-vous de l’autopalpation ?

L’autopalpation ne peut pas remplacer le dépistage mammographique, puisque le but premier du dépistage est de trouver des cancers qui ne se palpent pas. La mammographie systématique n’est pas recommandée chez les femmes ne présentant pas de risque particulier avant l’âge de 40 ans. Cependant, ceci pourrait permettre en particulier aux femmes jeunes de découvrir des anomalies cliniques dans leurs seins mais également pour les femmes plus âgée pour détecter plus précocement d’éventuel cancer d’intervalle d’évolution rapide.

L’autopalpation ne se fait pas n’importe quand. Tous les mois, à la même date, 8 jours après les règles ou à la même période du mois pour les femmes ménopausées il faut palper les seins en position couchée sur le dos à la recherche d’une anomalie : nodule, induration localisée placard, modification de la peau…… La main opposée au sein palpé, posée à plat sur le sein sans chercher à palper toutes les petites nodosités habituelles, doit faire rouler la glande mammaire sur les côtes, quadrant par quadrant. Il faut également vérifier l’absence de nodule dans les aisselles.  Il s’agit de mémoriser la texture du sein, mois après mois, et d’observer s’il y a des changements, d’un mois à l’autre. Si l’on remarque une anomalie, on ne s’affole pas, on vérifie le mois suivant. Si elle persiste, on va voir son médecin.

Il y également tout un volet d’observation dans le miroir en position debout. Il faut lever les bras pour repérer une modification de la peau ou des mamelons telles des fossettes cutanées ou des rétractions du mamelon et ou de l’aréole. La même observation se fera en contractant les muscles pectoraux. Surveiller également d’éventuelles tâches dans le linge qui pourraient témoigner de l’existence d’un écoulement spontané clair ou sanglant. Egalement prendre en considération un aspect de peau d’orange avec un épaississement cutané et des rougeurs.  En cas de doute, consulter son médecin, sans paniquer.   

Aujourd’hui, quand un cancer du sein est détecté à un stade précoce et pris en charge rapidement, les chances de survie sont grandes. Plus de 90 %.  Le dépistage précoce est primordial ! J’incite fortement toutes les femmes invitées au dépistage organisé du cancer du sein, à y participer en se faisant dépister, pour, ensemble, faire reculer la maladie et offrir ainsi les meilleures chances de guérison.

Le dépistage est une course contre la montre. Ne ratez pas le départ !

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