« La mobilité inclusive, c’est l’idée que chacun a droit de se déplacer, chacun a droit à avoir accès à une vie sociale, à être pleinement citoyen. »
Sébastien Bailleul, Directeur Partenariats, Europe, Plaidoyer, Stratégie de communication de Wimoov
Quand on perd sa mobilité, on perd bien plus. La capacité à trouver un emploi, pouvant mener à la précarité. La possibilité de garder des liens avec sa famille ou ses amis. Ou encore celle de se soigner… Bref, maintenir sa mobilité est essentiel. C’est tout l’enjeu des plateformes mobilité, un dispositif inventé par l’association Wimoov.
Dans une société où la mobilité conditionne l’accès à l’emploi, à la formation et à la vie sociale, des milliers de Français·es restent sur le bas-côté. Depuis près de 30 ans, l’association Wimoov s’engage à lever ces barrières. Avec 250 salariés et une présence dans 150 zones d’emploi, elle accompagne chaque année plus de 28 000 personnes vers une autonomie durable en matière de mobilité. Une mission essentielle, dans un contexte où la précarité mobilité touche près de 15 millions de Français.
Il est 11h du matin à l’antenne Wimoov d’Évreux, à quelques minutes de la gare. Dans une salle aux murs ornés d’affiches sur la sécurité routière et les solutions de transport durable, une demi-douzaine de personnes écoutent attentivement les explications de leur formatrice, Cindy, aussi et surtout, conseillère mobilité. Parmi elles, Annick, retraitée, et Mohamed, en pleine recherche d’emploi. Leur point commun ? Un besoin urgent de mobilité pour retrouver leur autonomie. Annick a le permis mais n’a pas conduit depuis longtemps. Elle veut se remettre à niveau. Et Mohamed lui, prépare le code de la route pour obtenir son permis de conduire, une nécessité pour retrouver du travail sur ce territoire, notamment pour les entreprises et les agences d’intérim. Le permis est une première étape avant la prochaine : être accompagné à l’acquisition d’un véhicule correspondant aux besoins de la personne. Lors de la procédure de mise à disposition, Wimoov étudie les kilomètres entre le travail et le domicile, et propose des alternatives comme le vélo et la trottinette électrique.
Une approche innovante et inclusive
« C’est important que ce métier soit reconnu parce que la mobilité c’est un tremplin pour l’emploi, pour la formation, pour la vie sociale. On a plein de personnes âgées ou moins âgées, isolées, qui ont besoin de mobilité pour créer du lien
Cindy Leroy, conseillère mobilité chez Wimoov
Wimoov ne se contente pas d’offrir des solutions classiques. L’association innove en permanence : dès 1995, elle imagine le covoiturage spontané en période de grève. En 2002, elle crée la première plateforme de mobilité, puis en 2008, le métier de conseiller en mobilité. Plus récemment, l’association a lancé l’École de la Mobilité Inclusive, renforçant son rôle de pionnier dans ce domaine. Cette école permet de professionnaliser un secteur encore méconnu et de former des experts capables d’accompagner les publics les plus vulnérables dans leur mobilité quotidienne. A ce jour, le métier de conseiller mobilité est très peu reconnu en dehors de l’association. Pour Cindy Leroy, conseillère mobilité chez Wimoov, « C’est important que ce métier soit reconnu parce que la mobilité c’est un tremplin pour l’emploi, pour la formation, pour la vie sociale. On a plein de personnes âgées ou moins âgées, isolées, qui ont besoin de mobilité pour créer du lien ». Comme pour Gérard, retraité, qui bénéficie actuellement d’un vélo électrique mis à disposition par l’association : « Heureusement qu’il y a Wimoov parce que les gens âgés comme nous, des fois, restons à la maison et on perd un peu tout lien alors que là, on fait un tas d’activités ensemble : on fait de la marche, on fait du vélo, on fait des jeux de société. C’est bien de se rencontrer. Et je peux désormais aller voir mes petits-enfants régulièrement ».
L’antenne d’Évreux : un terrain d’action local
Dans les bureaux de Wimoov à Évreux, le constat est sans appel. Ici, 90 % des déplacements se font en voiture, rendant la mobilité des plus précaires un enjeu majeur. Pour Fatima Ait-Ouailal, Directrice régionale Normandie, « la solution vient souvent des habitants eux-mêmes ». Un exemple marquant : Une retraitée qui a constaté le passage d’un car dans sa commune. Aucun arrêt n’était prévu. Fatima a pu l’emmener avec elle lors d’un conseil avec les élus, afin qu’elle leur présente son constat. Elle a ainsi pu démontrer aux élus l’utilité d’un simple arrêt de car pour désenclaver son village. Pas de frais supplémentaire, juste un arrêt qui n’avait pas été pensé. Cette implication citoyenne est au cœur de la philosophie de Wimoov : faire émerger des solutions concrètes en partant des besoins réels du terrain. Pour Fatima : « Il faut écouter les usagers avant de lancer des projets. Trop souvent, les décisions sont prises sans consulter ceux qui sont concernés au premier plan. » C’est pourquoi Wimoov met en place des solutions adaptées à chaque territoire. En milieu rural, l’association propose des dispositifs comme Terr’Moov, permettant aux habitants d’avoir accès à des moyens de transport partagés. Dans les zones urbaines, l’accent est mis sur la formation et la sensibilisation à l’usage des transports en commun et des modes de transport durables.
Mobilité et précarité : un enjeu de société
La troisième édition du Baromètre des Mobilités du Quotidien publié fin 2024, révèle une réalité alarmante : la précarité de mobilité s’aggrave, impactant toutes les générations et accentuant les inégalités territoriales. Un Français sur trois n’a pas le choix de son mode de déplacement, contraint par des revenus bas, des distances longues et l’absence d’alternatives. Fatima partage un témoignage frappant :
« En 2019, nous avons accompagné une personne à obtenir un véhicule via le microcrédit. Il est revenu récemment nous voir : il a toujours sa voiture, mais avec l’augmentation du coût de la vie, il ne peut plus payer l’essence pour la faire rouler. Nous avons donc dû l’accompagner de nouveau pour lui trouver une alternative. »
Fatima Ait-Ouailal, Directrice régionale Normandie
Cette précarité touche particulièrement les zones rurales et périurbaines, où les infrastructures de transport public sont souvent inexistantes. Pour Sébastien Bailleul, « Il faut déconstruire la politique publique qui est dédié aux transports. On a des solutions qui sont pensées dans des grosses masses, mais la mobilité ce n’est pas que des grandes lignes de TGV entre Paris et Bordeaux. Ce sont des gens qui vivent dans des territoires, et dont les transports ne sont pas adaptés à leur quotidien ».
Un impact concret et mesurable
L’engagement de Wimoov se traduit en chiffres. En 2023, plus de 31 000 personnes en insertion ont été accompagnées, 1 662 seniors ont retrouvé une autonomie, et 60 % d’entre eux ont renforcé leur lien social. Les bénéficiaires adoptent de nouveaux modes de transport : 22 % se tournent vers le covoiturage, 19 % vers les transports en commun, réduisant ainsi leur dépendance à la voiture. Ce travail minutieux permet de changer progressivement les mentalités et de démontrer que d’autres alternatives existent. 70 % des bénéficiaires de Wimoov utilisent les solutions de mobilité existantes sur leur territoire, preuve que l’accompagnement change tout.
Wimoov ne se contente pas de proposer des solutions : elle change des vies. À travers son engagement pour une mobilité plus inclusive, l’association ouvre la voie à un modèle où se déplacer ne doit plus être un luxe, mais un droit. Son action rappelle une vérité essentielle : l’autonomie ne devient possible qu’à condition d’avoir la liberté de choisir son chemin. Une chose est sûre, chez Wimoov, personne n’est laissé sur le bord de la route.
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