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Hébergement d’urgence : sortir de l’impasse par une politique d’intégration et de régularisation assumée  

1 septembre 2025 • ACTUALITÉS

Une enquête* inédite publiée ce lundi 1er septembre met en lumière un paradoxe : beaucoup de personnes exilées travaillent, élèvent leurs enfants, participent à la vie collective. Mais faute de régularisation, ces personnes restent piégées dans la précarité et la société en paie le prix. Le Groupe SOS réaffirme sa conviction, portée depuis toujours : favoriser l’intégration des personnes en exil n’est pas une menace, c’est une chance et une nécessité. 

*“ Les enjeux de la régularisation dans l’hébergement d’urgence” portée par les associations Aurore, Emmaüs Solidarité, le CASP et Groupe SOS Solidarités, et coordonnée par l’Observatoire du Samusocial de Paris auprès de 935 ménages étrangers hébergés dans 134 structures

Une intégration entravée, un coût humain

L’obtention ou le renouvellement d’un titre de séjour est de plus en plus difficile pour des personnes étrangères pourtant intégrées dans la société française.

Les personnes en demande de régularisation rencontrent des obstacles invraisemblables pour obtenir un titre de séjour ou son renouvellement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 72 % des personnes en attente de régularisation vivent en France depuis au moins cinq ans, 27 % depuis dix ans ou plus. Parmi eux :

42,6 % des personnes sans droits au séjour travaillent déjà – même si ces emplois sont précaires

20 % sont parents d’un enfant français ou réfugié.

Faute de régularisation, ces femmes et ces hommes sont maintenus dans l’informalité : seules 10% des personnes hébergées ont une activité stable et déclarée, contre 34,7 % de celles disposant d’un titre pluriannuel et 21,6 % des personnes françaises ou européennes.

Cette exclusion a des conséquences directes sur les revenus : le niveau de vie médian des ménages sans titre de séjour n’est que de 167 € par unité de consommation, contre 617 € pour ceux dont au moins un membre dispose d’un titre pluriannuel. Dans les deux cas, on reste très en dessous du seuil de pauvreté, fixé en 2024 à 1 216 € par unité de consommation, pour une personne seule*.

Les lenteurs administratives et la saturation des préfectures enferment des milliers de personnes dans l’incertitude et la précarité, les empêchant l’obtention d’un emploi stable, d’un logement pérenne, et donc d’une réelle autonomie.

Résultat : l’hébergement d’urgence, censé être temporaire, est saturé. La durée médiane de séjour atteint aujourd’hui 3 ans et 5 mois, saturant le système et aggravant les fragilités sociales.

La contribution réelle des personnes immigrées à l’économie nationale est occultée

Malgré les discours anxiogènes et simplistes consistant à présenter l’immigration comme un fardeau, la réalité est autre : sans les personnes immigrées, une partie des services qui soutiennent notre quotidien et notre économie – soin, santé, aide à domicile, propreté, restauration-hôtellerie, BTP- ne fonctionnerait pas. Selon la DARES** ils représentent :

  • 28 % des agents de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre et 25 % des ouvriers qualifiés du bâtiment ;
  • 22 % des cuisiniers ;
  • en Île-de-France, 61 % des aides à domicile ;
  • 14 % des ingénieurs informatiques ;
  • 21 % des spécialistes chirurgicaux et 17 % des spécialistes médicaux***

Là où certains attisent la peur et le rejet, les faits montrent au contraire une contribution concrète et précieuse pour répondre aux besoins de main-d’œuvre. La quasi-totalité des personnes hébergées qui travaillent, interrogées dans le cadre de l’enquête du Samusocial, le font dans un secteur en tension.

Alors que la démographie française recule – avec 110 000 naissances de moins chaque année depuis 2017 – 300 000 agents d’entretien, 200 000 aides à domicile, 200 000 chauffeurs, 100 000 aides-soignants manqueront dans les prochaines années, selon une étude du think tank Terra Nova.

La question doit être posée clairement : qui occupera ces postes essentiels ? L’immigration est déjà indispensable, elle le sera encore davantage demain. D’autres pays européens, telles que l’Espagne ou l’Allemagne, organisent et assument une politique d’immigration et d’insertion par le travail pour répondre à leurs besoins économiques et démographiques. L’Italie de Giorgia Meloni – pourtant élue sur une ligne anti-immigration – a décidé d’accueillir 452 000 travailleurs étrangers entre 2023 et 2025, et 500 000 supplémentaires entre 2026 et 2028.

Refuser cette réalité nous enferme dans une impasse : des milliers de travailleurs indispensables sont condamnés à l’économie informelle, et les finances publiques en paient le prix par la perte de cotisations et d’impôts.

Préserver notre modèle et notre cohésion sociale

À l’inverse, reconnaître et organiser l’insertion des personnes exilées c’est :

  • Assurer l’autonomie des personnes par un emploi stable et déclaré ;
  • Renforcer le financement de la solidarité nationale ;
  • Maintenir la qualité de nos services publics ;
  • Répondre aux besoins économiques réels, dans un pays où la natalité s’effondre et où il manque déjà des centaines de milliers de travailleurs dans les secteurs essentiels ;
  • Renforcer la cohésion sociale, en valorisant leur place dans la société

Choisir l’avenir

L’immigration n’est pas une menace : elle est une chance et déjà une nécessité. Ne pas l’organiser, c’est laisser s’aggraver les fractures sociales et économiques. L’assumer, c’est offrir à des milliers de femmes et d’hommes la possibilité de sortir de la précarité, tout en donnant à l’économie française les moyens de répondre à ses défis actuels et futurs.

Les associations appellent à :

  • Désengorger l’accès aux préfectures
  • Régulariser les personnes présentes et les insérer vers l’emploi
  • Mettre en place de véritables politiques d’accueil et d’intégration, cohérentes avec les objectifs du Logement d’Abord

C’est une question de choix politique. Agir est indispensable pour garantir la dignité des personnes, assurer l’efficacité des politiques publiques, et renforcer notre cohésion sociale.

Découvrir l’enquête

Sources 

*chiffres issus de l’enquête

**Quels sont les métiers des immigrés ?, Dares, juillet 2021 

*** Travailleurs immigrés : avec ou sans eux ?, Terra Nova, 12 mai 2025

 

Le Groupe SOS accompagne des personnes en situation d’exil, avec la conviction qu’elles sont une richesse pour la société, quel que soit leur pays d’origine. A condition de les accueillir dignement et de les accompagner vers une pleine intégration par le logement, l’emploi, l’accès à la santé, aux droits, aux loisirs, etc.

Le Groupe SOS dispose de 3 800 places d’hébergement, 61 établissements et services dédiés aux personnes exilées.

Le Groupe SOS formule 14 propositions pour un accueil digne et une inclusion durable des personnes en exil en France. Ce plaidoyer est né des observations quotidiennes de nos professionnel.le.s de terrain

Découvrir le plaidoyer

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