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ReCOrps : redonner COnfiance aux femmes après un cancer du sein

27 octobre 2025 • ACTUALITÉS

« Depuis la fin du programme, je revis. J’ai une nouvelle vie », confie Isabelle, ancienne bénéficiaire du programme ReCOrps. Son témoignage illustre la portée de ce dispositif innovant, né en Île-de-France pour accompagner les femmes dans leur reconstruction post-cancer.

Il est 9 heures lorsque nous franchissons les portes du centre de rééducation fonctionnelle (CRF) de Villiers-sur-Marne. À notre arrivée, le Docteur Chung nous accueille chaleureusement. C’est elle qui a imaginé et lancé le programme ReCOrps en 2024, un parcours de réhabilitation post-opératoire destiné aux femmes atteintes du cancer du sein.

Au fond d’un couloir, nous rejoignons une salle où se déroule un atelier de photo-langage animé par Dominique, psychologue au CRF. Trois femmes participent à cette séance introductive du programme. Chacune est invitée à choisir deux images : la première représente leur ressenti corporel actuel, la seconde, le rapport qu’elles souhaitent retrouver avec leur corps au terme des 12 semaines.
L’une d’elles sélectionne une photo de rochers empilés, symbole d’un corps en reconstruction, en quête d’équilibre. Pour la seconde image, elle opte pour celle d’un oiseau prenant son envol, métaphore d’une liberté retrouvée et d’une vie sans douleur. Cet atelier, conçu pour libérer la parole, permet aux participantes de partager leur vécu face à la maladie et de s’enrichir mutuellement de leurs histoires. Dominique insiste : « Pendant ces douze semaines, vous devez devenir votre priorité. » C’est là toute l’essence du programme ReCOrps.

Une ReCOnnexion et une RéCOnciliation avec son corps meurtri

Avant ReCOrps, il n’existait pas de suivi spécifique médical et de rééducation coordonnée en Île-de-France pour les femmes ayant surmonté un cancer du sein. Il y a bien des prises en charges rééducatives ou des soins de support existants mais individuels et disséminés sur le territoire francilien. L’enquête des structures proposant un programme de rééducation avait été faite en amont via la consultation du site ONCORIF qui répertorie les structures intervenant dans le parcours de la prise en charge oncologique en Ile de France. Il en était ressorti des prises en charge morcelées ou alors, très centrées sur les soins de support et sans accompagnement médical ou rééducatif associé. Les séquelles physiques et psychologiques de cette épreuve de féminité sont pourtant souvent lourdes, et nombreuses sont celles qui se sentent abandonnées une fois les traitements terminés.

Le programme ReCOrps répond à ce besoin d’accompagnement et de prise en charge globale et intégrative. Il intègre notamment des soins socio-esthétiques. Sophie, socio-esthéticienne au centre, offre aux patientes des moments de détente, leur permettant de renouer avec leur corps à travers massages et soins. « L’idée ce n’est pas de retrouver la femme que l’on était avant, mais d’accepter la femme que l’on est maintenant », explique-t-elle. C’est le principe même de la médecine physique et de réadaptation (MPR) qui par la rééducation fonctionnelle permet aux patients non pas forcément de guérir mais de « faire avec » et d’aider les patients à se « réadapter » à leur vie en tenant compte de leur déficiences et limitations fonctionnelles.

Les résultats sont là : « Chez nous, 100 % des patientes ont récupéré quasiment l’entièreté de leur mobilité », affirme fièrement le Dr Chung*.

NDLR médicale: sur l’échantillon encore modéré de patientes incluses depuis le début de programme par rapport à des mesures objectives d’amplitudes articulaires mesurées en début et fin de programme, et de testing de force musculaire (force de préhension reflet de la masse musculaire) comparées par rapport aux normes attendues).

Un programme bénéfique et innovant

Nous poursuivons notre visite avec Thomas, ergothérapeute, qui nous présente l’atelier de réalité virtuelle. Équipées de casques et de manettes, les patientes découvrent des univers ludiques comme le tir à l’arc, le frisbee ou le chamboule-tout. En détournant l’attention de la douleur, cette technologie aide les femmes les plus inquiètes à bouger sans crainte. Elle leur offre un espace de confiance où le mouvement redevient possible et libérateur.

Les patientes ne sont pas qu’entre elles, mais sont amenées à être en contact avec les autres patients bénéficiaires de la rééducation (adultes et enfants au CRF). Comme les autres, elles sont encouragées à (se) dépasser leurs propres limites, et leurs propres « records ». Il aide les patientes à reprendre la main.

Isabelle, ancienne participante, témoigne : « Je suis arrivée ici, je ne faisais pas grand-chose. Je ne fermais pas mon coffre, je n’accrochais pas mon linge, rien du tout. Et aujourd’hui je fais tout, et en plus sans douleur. » Grâce à cet atelier, elle a travaillé son contrôle musculaire, l’amplitude de ses gestes et son endurance. La rééducation corrélée aux objectifs fonctionnels de la vie au quotidien.

Un service pluridisciplinaire

La force du programme ReCOrps repose sur sa prise en charge pluridisciplinaire, fondée sur des bases scientifiques solides et des professionnels formés spécifiquement. Les patientes bénéficient d’un accompagnement complet : médecin, kinésithérapeute (prise en charge (PEC) des mobilités des épaules et de la paroi thoracique, du lymphoedème (LOD) particulièrement invalidant chez ces patientes quand il est présent et dont la PEC est spécifique) , ergothérapeute, psychologue, esthéticienne, diététicienne, infirmière (soins de cicatrice), enseignant en APA, balnéothérapie, assistante sociale, et même des ateliers sur la vie intime.

Nadège, l’une des deux premières bénéficiaires du programme, souligne la cohérence des soins : « Les soins sont cohérents […] Je recommande le programme, franchement il faut le faire. » Elle met également en avant la bienveillance du personnel : « Un personnel aux petits soins », un avis partagé par toutes les participantes. Parmi les techniques enseignées, l’autohypnose permet de gérer le stress et de se relaxer. L’activité physique adaptée (APA) joue aussi un rôle clé : elle aide à retrouver une mobilité, à lutter contre la sédentarité et à réduire le risque de rechute.

Isabelle, accompagnée par des kinésithérapeutes (Cécile, Emma) et des enseignants APA comme Cédric, a appris à intégrer les bons mouvements dans son quotidien. Aujourd’hui, elle a retrouvé une activité physique normale et un meilleur confort de vie.

Dr Chung espère que ce type de programme puisse être davantage déployé, afin de pouvoir en faire bénéficier à toutes les personnes qui en ont besoin, « comme un traitement adjuvant », de façon plus systématique, le plus tôt possible dans leur parcours de soins. L’objectif médical est d’aider ces patientes à améliorer leur qualité de vie en diminuant les effets secondaires (asthénie, bouffées de chaleurs, troubles digestifs, syndrome anxio-dépressif, douleurs articulaires,…) liées aux différents traitements curatifs du cancer du sein (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie) mais aussi de participer à la diminution du risque de récidive d’une part, et peut-être aussi, de favoriser la reconstruction chirurgicale mammaire dans un second temps par l’effet physique obtenu sur l’assouplissement de la paroi thoracique d’autre part. Mais ces effets sont à étudier dans le temps. Recouvrer leur capacités physiques et psychologiques leur permettant de reprendre le chemin accidenté de leur vie tant sur le plan personnel, intime que social et professionnel.

 

En savoir plus sur le CRF de Villiers-sur-Marne

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