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Violences faites aux femmes en exil : témoignages et quede résilience

18 décembre 2025 • ACTUALITÉS

À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 21 novembre 2025 , le Groupe SOS et Stand Speak Rise Up !  ont organisé un événement au Pine Piper pour mettre en lumière la réalité des violence subis lors du  parcours d’exil vécus par de nombreuses femmes. Ce contenu prolonge cette démarche en rassemblant leurs témoignages, révélant la diversité de leurs expériences

Les prénoms ont été changés pour respecter l’anonymat

« Je m’appelle Tatiana Mukanire. Je suis née à Bukavu en RDC et je suis survivante de violence sexuelle depuis 2004. Le viol est utilisé comme arme de guerre depuis plus de trente ans : il détruit les familles et tout le tissu social, brise les communautés, et est souvent lié à la convoitise des richesses naturelles. Il a fallu se battre pour passer d’un état de victime à celui d’actrice de changement, puis à celui d’une personne normale, malgré nos blessures et nos humiliations. Le soutien de nos familles, du Dr Mukwege et de Stand Speak Rise Up! m’a aidée à me relever. Même lorsque la situation semblait sans espoir, nous avons trouvé la force de continuer pour aider d’autres survivantes. Chaque jour, on se réveille avec des larmes, mais on doit les sécher pour soutenir les autres. Aux survivantes, je dis : vous êtes des héroïnes, des symboles de courage et de résilience. Continuez à vous battre, même si chaque seconde est difficile. Aux communautés et au monde entier  : les violences sexuelles liées aux conflits nous concernent tous, et chacun doit agir pour que justice et paix deviennent réalité »

Tatiana Mukanire 
République Démocratique du Congo

 

« Ce qu’ils font aux femmes là-bas, on ne peut même plus appeler ça du viol. Il n’y a pas de nom pour ce qu’ils nous font. C’est tous les jours. Mais les voir violer des garçons et des bébés, c’est pire. Ils obligent les petits enfants à faire des choses. Si la mère essaie de les arrêter, ils la violent. Ils ont des armes, des barres de fer, ils éteignent leurs cigarettes sur ton corps. Et ils filment tout. »

Angèle

Camerounaise ayant subi des viols répétitifs en Lybie

Sources : Des femmes à la mer, récit de parcours de femmes secourues par l’Aquarius et l’Ocean Viking

 

« Pendant le voyage nous étions à un moment une trentaine de Noirs et on faisait plusieurs pauses ; dans les pauses je mendiais. Pendant ce voyage j’ai vu plusieurs personnes se battre, d’autres mourir mais personne ne réagissait. Les gens étaient très affaiblis et ne faisaient plus attention à ce qui se passait autour d’eux. Moi-même pendant le trajet j’ai été frappée plusieurs fois, avec des coups de pied, on m’a même brûlée avec une cigarette parce que je ne voulais pas coucher. On a essayé de me violer deux fois, mais je me suis débattue et j’ai crié ; on m’a laissée. Mais personne n’est venu à mon secours, personne n’a essayé de m’aider, tout le monde avait peur, d’autres femmes aussi ont été frappées et personne ne les a aidées non plus. »

Histoire d’une exilée nigériane en France

Source : N’exister pour personne violences faites aux femmes sur la route de l’exil – Smain Lacher

 

« Je m’appelle Awa, je suis née le 31 décembre 1985 Je suis arrivée en France le 18 janvier 2019. Quand je suis arrivée, j’étais dans un foyer ADOMA. C’était un peu compliqué parce qu’on était dans des petites chambres. Quand j’étais enceinte de 6 mois, j’ai appelé le 115 et j’ai été hébergée à l’hôtel. J’ai eu un petit garçon, qui a maintenant 6 ans. Ensuite, j’ai eu ma fille. Elle a 3 ans, bientôt 4 ans, et j’ai fait une demande de protection pour elle. Après la protection de ma fille, j’ai fait une demande à l’OFII pour suivre les cours d’intégration. A l’entretien, on m’a orientée vers AGIR et les choses ont commencé à s’améliorer.

C’est Monsieur K qui est mon référent. Il a fait une demande de logement pour moi, une demande pour mes enfants qui sont restés en Côte d’Ivoire. À l’hôtel, c’était difficile, mais grâce à AGIR, aujourd’hui j’ai un logement social à Créteil. Et maintenant, ça fait 2 mois que je travaille chez Suez, dans le tri des déchets. C’est un travail dur, mais maintenant je me suis habituée.

Je voudrais apprendre à lire et écrire : à l’école de mon fils, il y a une maîtresse qui nous donne des leçons chaque lundi de 16h45 à 18h45. Plus tard, je voudrais apporter mon aide et faire une formation pour accompagner les personnes âgées. La France m’a beaucoup aidée et je veux aider en retour. Actuellement, mon projet, c’est que mes enfants aillent à l’école et qu’ils soient éduqués.

Dans ma vie, j’ai été violée. Chez moi, c’était dur. Il ne faut pas que mes enfants vivent la vie que moi j’ai vécu. Pour moi, en France, j’ai retrouvé la paix physiquement et mentalement. Quand ça n’arrivait pas, je me disais que ce n’était pas le moment.
Je veux dire aux personnes de ne jamais se décourager, d’avoir la tête haute. Au début, je m’en voulais à moi-même, je me sentais sale. Aujourd’hui, j’ai surmonté ça, j’ai compris que ce sont les étapes de la vie et qu’il faut aller de l’avant. Il ne faut pas oublier ce qui s’est passé, on range ça quelque part dans son cœur, comme dans un placard, et puis on ferme et on garde ça comme ressources pour donner le meilleur de soi-même. La vie nous réserve des surprises. »

Awa

Accompagnée par la plateforme AGIR 94 ( Val de Marne), piloté par Groupe SOS solidarités

 

« C’est dangereux d’être une femme toute seule dans la rue. Pendant longtemps, je dormais à droite à gauche. J’ai dormi dans le salon d’une « tante » du quartier. Son fils me forçait tout le temps à coucher avec lui, la nuit. Mais pour moi le plus important c’était d’avoir un toit. Très souvent je sortais pour aller dans les parcs à côté pour passer la nuit. Je passais la journée dans le bus. Mais quand j’ai compris que son fils n’arrêterait pas, j’ai été obligée de partir. Je suis allée voir une association : je passais la journée avec les autres femmes qui étaient là, on était toutes en attente d’avoir une place dans un hôtel pour pouvoir dormir. Je passais mes journées à attendre. Cela ne fait que deux mois que je suis en CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile). »

Louise
Demandeuse d’asile malienne

Source : Témoignages de femmes réfugiées

« Ma communauté c’est mes trois amies qui sont là. Ici, je ne connais pas de personne venant de mon pays, le Burkina Faso. Je pense que c’est même pour ça, parce qu’on n’a pas de communauté à laquelle on peut s’intégrer et qui peut nous aider, qu’on a créé ce petit groupe. On s’est rencontrées au CADA. Notre assistante sociale nous a proposé un atelier bien être. Et toutes les quatre on a adhéré. Ce groupe c’est surtout être bien ensemble. Ce soutien est très important, particulièrement pendant la procédure d’asile parce qu’elle est longue. S’il y a des amis qui nous écoutent, à qui on peut parler, ça fait du bien ! »

Manjou
Demandeuse d’asile

Source : Témoignages de femmes réfugiées

« L’odeur de l’essence est entêtante. J’ai l’impression que je vais m’évanouir à tout instant. Malgré les vapeurs de carburant qui leur montent à la tête, les gens trouvent encore l’énergie pour paniquer en voyant l’eau monter à l’intérieur du bateau. Je suis sur le point d’abandonner… mais soudain la lumière d’un gros bateau apparaît à l’horizon. « Restez calmes ! ». Voilà les premiers mots que nous crient les sauveteurs en anglais, en français et en arabe. Mais je sens la panique croître en moi. Nous sommes en train de couler. À cause des vapeurs d’essence, je ne comprends plus rien, mon esprit divague. (…) Je ne sais pas comment s’appelait la femme morte à côté de moi. »

Ania

Secourue en mer pendant le naufrage de son bateau

Source : Des femmes à la mer, récit de parcours de femmes secourues par l’Aquarius et l’Ocean Viking

 

« La prise en charge holistique n’effacera jamais ce que nous avons pu vivre, ni les conséquences liées à la cruauté humaine qu’est le viol. Mais ils viennent adoucir notre souffrance, et nous accompagner dans notre guérison. En tant que Survivante des viols, je peux vous dire que cette prise en charge répond aux besoins primordiaux des victimes. J’en ai bénéficié moi-même, et je souhaite que toutes les Survivantes, dans le monde, y aient accès. C’est un droit humain universel, il est temps qu’il soit une réalité »

Tatiana Mukanire

Source : Le parcours de Tatiana Mukanire

 

 

Face aux violences subies par les femmes en exil, et à l’urgence d’un accompagnement adapté dans l’ après  des violences comme tout au long du parcours d’exil, le Groupe SOS et Stand Speak Rise Up ont publié la deuxième édition de leur livre blanc dédié à ce sujet majeur. Cette publication met en lumière l’engagement des actrices et acteurs de terrain mobilisé·es contre ces violences et les dispositifs innovants qu’ils développent pour mieux accompagner les femmes vers la reconstruction et la résilience. Un outil essentiel pour renforcer les pratiques, partager les savoirs et poursuivre collectivement la lutte contre les violences faites aux femmes en exil.

 

Télécharger le Livre Blanc

 

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