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ASSCAN – PLAY International : un destin commun

21 juillet 2023 • ACTUALITÉS

English version below

Entre Insa Diagne et Sport Sans Frontières, l’histoire commence au Kosovo en 2002. 21 ans plus tard, Insa Diagne est rentré au Sénégal avec la conviction que le sport est un outil puissant d’apprentissage comme d’intégration sociale, et y fonde l’ASSCAN, tandis que Sport Sans Frontières est devenue PLAY International. Ensemble, ils mettent en œuvre depuis 4 ans le projet Ejo à Saint-Louis du Sénégal. Nous nous sommes entretenus avec Insa Diagne, fondateur et président de l’ASSCAN, pour en savoir plus sur son association et les actions qu’elle mène avec PLAY International sur le terrain.

Qu’est-ce que l’ASSCAN ? Comment est-elle née ?

Tout est dans le nom : il désigne « le peuple » en wolof, mais c’est également un sigle, qui se décline en Association de Solidarité Sportive Culturelle et Artistique Nationale. L’ASSCAN est née de la compréhension de la puissance de l’outil sport pour apprendre, se connecter à d’autres personnes, s’intégrer socialement. En tant qu’ancien sportif de haut niveau, je suis très sensible à cette idée.

Mon parcours témoigne d’un véritable destin commun avec Sport Sans Frontières puis PLAY International. Nos chemins se sont croisés une première fois au Kosovo en 2002, où j’ai découvert ma vocation en cette possibilité de reconversion de carrière par l’animation sportive aux enfants. Lorsque je rentre au Sénégal après avoir passé 15 ans en Europe, j’ai en tête l’ambition de développer des programmes de sport pour les enfants. Je mets ainsi en place des programmes ponctuels et grâce au contact que j’ai conservé avec Sport Sans Frontières, je réalise avec leur soutien une mission en 2004 à Saint-Louis. Celle-ci a vocation à créer une équipe d’animateurs pour lier l’animation sportive au soutien scolaire, avec un impact incroyable ! Fort de cette expérience, en 2007, alors que je sens que Sport Sans Frontières va se retirer, je fonde l’ASSCAN qui continue de dérouler des programmes et de développer des partenariats… Jusqu’aux retrouvailles avec PLAY International en 2019 dans le cadre du projet Ejo !

 

Comment êtes-vous entré dans le projet Ejo ? En quoi consiste-t-il ?

Là encore, c’est un concours de circonstances : alors que je candidate à une offre de PLAY à Paris, une équipe en déplacement au Sénégal suggère une rencontre. Après trois heures de discussion au dernier jour de leur visite, ils me proposent que l’ASSCAN soit partenaire du projet Ejo pour le développer dans la zone Nord du Sénégal.

L’ASSCAN s’est engagée dans la création d’une formation initiale, diplômante et accessible avec l’Université Gaston Berger. Elle permet l’obtention d’un certificat, sans le prérequis du baccalauréat, après une formation courte alliant théorie et pratique dans l’encadrement des enfants sur le terrain. C’est également la philosophie du projet Ejo, qui vise à former des enseignants et animateurs sportifs aux méthodes de pédagogie par le jeu sportif développées par PLAY.

Concrètement, le projet contient deux volets :

  • L’éducation non formelle, qui s’appuie en extra-scolaire sur les animateurs et infrastructures des Associations Sportives et Culturelles (ASC) et clubs sportifs locaux ; et en périscolaire sur des animateurs et enseignants pour proposer aux enfants deux après-midis d’activités sportives pédagogiques par semaine.
  • L’éducation formelle, qui forme des enseignants et déploie des activités socio-sportives aux enfants dans le cadre scolaire.

Le parcours de formation élaboré par PLAY court sur 1 an et demi. Il implique des temps de formation de 2 à 3 jours, puis 3 mois de mise en œuvre de séances sur le terrain, avant de reprendre une formation de 2 à 3 jours pour renforcer les acquis ou aller sur un nouveau module avec de nouveaux jeux, et ainsi de suite.

 

Quel est l’impact du projet sur les enfants concernés ?

Nous venons de terminer la première phase du projet (2019-2023) et la deuxième vient de débuter (2023-2026), grâce à la confiance renouvelée de l’Agence Française de Développement, ce qui est déjà une excellente nouvelle et une preuve d’impact en soi. On touche de plus en plus d’enfants avec ce projet : en 2022, autour de 20 000 enfants en cumulé sont passés par le programme !

Le projet répond à un enjeu important au Sénégal : l’Éducation Physique et Sportive (EPS) à l’école élémentaire ne s’enseigne plus de manière effective depuis plus de 30 ans, par manque de temps, d’outils, de formation de l’enseignant général. Les enseignants eux-mêmes perçoivent l’impact d’Ejo dans les écoles : il leur a permis de recommencer à sortir les élèves de leur classe et donc de les découvrir autrement. Par ailleurs, le volet scolaire du projet est articulé aux programmes scolaires, donc les enseignants se rendent compte de son utilité pour les leçons sur le vivre-ensemble, sur l’éducation au développement durable. Pour les élèves, c’est une soupape de décompression, qui les encourage à s’exprimer davantage et leur donne envie d’aller à l’école.

Un autre retour, que nous n’anticipions pas vient des parents, qui se réjouissent de savoir, grâce au volet extra-scolaire, où sont leurs enfants après l’école !

 

Et après ?

Maintenant que les formations existent et ont démontré leurs effets, la prochaine étape pour démultiplier l’impact est l’appropriation institutionnelle, au niveau des quartiers comme au niveau scolaire. C’est déjà en partie le cas car nous avons à cœur d’impliquer d’autres acteurs locaux communautaires : dans un premier temps les conseils de quartier, qui émanent de la municipalité, et représentent donc un moyen d’articuler nos programmes à l’instruction municipale ; et désormais également les collectivités locales, la mairie notamment.

Une perspective de l’ASSCAN pour la suite est d’expérimenter à l’échelle d’une commune d’avoir une personne à l’école qui se chargerait de l’EPS pour les classes. J’en ai parlé avec l’Instruction scolaire de Saint-Louis, qui est prête à monter un projet, une convention a également été signée avec le collectif des conseils de quartier. L’ASSCAN serait chargé de la formation de jeunes qui enseigneraient l’EPS à l’école élémentaire et en dehors, dans le quartier, le mercredi. Si cette expérimentation voit le jour permettant de démontrer l’impact d’un tel projet, c’est une aubaine pour tout le Sénégal car le problème est national ! Au-delà de l’éducation pour les enfants, cela permettrait de redonner des perspectives à des jeunes à travers une formation et l’apprentissage d’un métier. Un autre enjeu majeur au Sénégal !

 

Un grand merci à Insa Diagne pour cet entretien, son engagement et le travail quotidien qu’il fournit pour mettre en œuvre le projet Ejo au Sénégal !

 

Pour un aperçu concret de la collaboration entre PLAY et l’ASSCAN :

 

En savoir plus

 

 

Between ASSCAN and PLAY International, a shared destiny

 

The story of Insa Diagne and Sport Without Borders began in Kosovo in 2002. 21 years later, Insa Diagne returned to Senegal with the conviction that sport is a powerful tool for both learning and social integration, and founded ASSCAN, while Sport Without Borders became PLAY International. Together, they have been running the Ejo project in Saint-Louis, Senegal, for the past 4 years. We spoke to Insa Diagne, founder and president of ASSCAN, to find out more about his organisation and the work it is doing with PLAY International on the ground.

 

What is ASSCAN? How was it born?

It’s all in the name: it means « the people » in Wolof, but it’s also an acronym, which stands for Association de Solidarité Sportive Culturelle et Artistique Nationale (National Association for Sport, Cultural and Artistic Solidarity). ASSCAN was born out of an understanding of the power of sport as a tool for learning, connecting with other people and integrating socially. As a former top-level sportsman, I’m very sensitive to this idea.

My career path bears witness to a true shared destiny with Sport Without Borders and then PLAY International. Our paths crossed for the first time in Kosovo in 2002, where I discovered my calling and the possibility of a career change through sports activities for children. When I returned to Senegal after 15 years in Europe, my ambition was to develop sports programmes for children. So I set up a number of one-off programmes, and thanks to the contact I had kept with Sport Without Borders, I was able to carry out a mission in Saint-Louis in 2004 with their support. The aim of this mission was to create a team of activity leaders to combine sports activities with educational support, with an incredible impact! Building on this experience, in 2007, when I felt that Sport Without Borders was going to pull out, I founded ASSCAN, which continued to run programmes and develop partnerships… for example with PLAY International in 2019 as part of the Ejo! project.

 

How did you enter the Ejo project? What is it about?

Once again, it was a combination of circumstances: while I was applying for a job for PLAY in Paris, a team on a trip to Senegal suggested a meeting. After three hours of discussion on the last day of their visit, they suggested that ASSCAN should partner the Ejo project to develop it in the northern part of Senegal.

ASSCAN is committed to creating an initial training course, leading to a diploma and accessible to all, with the Université Gaston Berger. A certificate can be obtained without the need for a baccalauréat, after a short course combining theory and practice in supervising children in the field. This is also the philosophy behind the Ejo project, which aims to train teachers and sports leaders in the sports-based teaching methods developed by PLAY.

In practical terms, the project has two components:

  • Non-formal education, for extra-curricular activities, which relies on the leaders and facilities of the local Sports and Cultural Associations and sports clubs; and on leaders and teachers offering children two afternoons of educational sports activities a week.
  • Formal education, which trains teachers and provides social and sporting activities for children in schools.

The training programme developed by PLAY lasts a year and a half. It involves 2 to 3 days’ training, followed by 3 months’ implementation of sessions in the field, before another 2 to 3 days’ training to reinforce what has been learnt or move on to a new module with new games, and so on.

 

What is the project’s impact on children involved?

We have just completed the first phase of the project (2019-2023) and the second has just begun (2023-2026), thanks to the renewed support of the Agence Française de Développement, which is already excellent news and proof of impact in itself. We’re reaching more and more children with this project: by 2022, a total of around 20,000 children will have gone through the programme!

The project is a response to a major challenge in Senegal: physical and sports education in primary schools has not been taught effectively for over 30 years, due to a lack of time, tools and teacher training. The teachers themselves see the impact of Ejo in the schools: it has enabled them to take the pupils out of their classrooms again and discover them in a different way. In addition, the school component of the project is linked to the school curriculum, so the teachers realise how useful it is for lessons on coexistence and education for sustainable development. For the pupils, it’s a release valve that encourages them to express themselves more and makes them want to go to school.

Another unexpected feedback comes from the parents, who are delighted to know where their children are after school, thanks to the extra-curricular activities!

 

What’s next ?

Now that the training courses are up and running, and have proved their worth, the next stage in multiplying the impact is institutional ownership, at both neighbourhood and school level. This is already happening to some extent, as we are keen to involve other local community players: initially the neighbourhood councils, which come from the municipality, and therefore represent a means of linking our programmes to municipal education; and now also the local authorities, first and foremost the town hall.

One of ASSCAN’s plans for the future is to experiment with having someone in the school to teach physical education (PE). I’ve spoken about this with the Saint-Louis Education Department, which is ready to set up a project, and an agreement has also been signed with the neighbourhood council collective. ASSCAN would be responsible for training young people to teach PE in elementary schools and outside, in the neighbourhood, on Wednesdays. If this experiment sees the light of day, demonstrating the impact of such a project, it will be an opportunity for the whole of Senegal, because the problem is a national one! Beyond providing education for the children, it would give young people a new perspective through training and apprenticeships. Another major challenge for Senegal!

 

Many thanks to Insa Diagne for this interview, his commitment and the daily work he does to implement the Ejo project in Senegal!

 

For a closer look at the collaboration between PLAY and ASSCAN :

 

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