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Paulin, infirmier auprès de personnes addict en grande précarité au Sleep In Paris

20 février 2024 • ACTUALITÉS

La crise persistante liée à la consommation de substances telles que le crack et l’héroïne est un problème de santé publique en France depuis les années 80. Produits hautement addictifs, leur consommation est souvent synonyme de désinsertion sociale, de précarité et d’errance. A Paris, le CSAPA SOS 75 “Sleep In” du Groupe SOS accueille ces usagers et usagères de drogues en situation de grande vulnérabilité et constitue un lieu ressource dans le XVIIIème arrondissement, offrant hébergement d’urgence, accompagnement à la réduction des risques, accès aux soins, et suivi socio-éducatif. Au cœur de cet établissement se trouvent des professionnel·le·s engagé·e·s et à l’écoute des besoins. Rencontre avec Paulin, infirmier et maillon essentiel du soin au sein du Sleep In.

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Le CSAPA Sleep In Paris accueille des usagers de drogues actifs en situation de grande vulnérabilité sociale en consultation pluridisciplinaire et propose un hébergement d’urgence. Le Sleep In Paris est un des quatre sites du CSAPA SOS 75, géré par le Groupe SOS : Confluences, 110 les Halles, Sleep In Paris et Monceau.

Les missions d’accueil et d’insertion du Sleep In s’inscrivent dans le cadre de la politique de réduction des risques liés aux usages de drogues : le sevrage n’est pas la réponse absolue ; elle n’est pas forcément adaptée au projet/possibilité des personnes.

Au CSAPA Sleep In, à chaque fois qu’une nouvelle personne souhaite avoir accès à l’hébergement, le passage chez le médecin est obligatoire. Cela permet ainsi de faire un bilan de santé, et d’entamer une première marche vers la sortie de l’addiction. Le médecin peut notamment prescrire des traitements de substitution (TSO).

C’est alors que Paulin, infirmier depuis octobre 2023, intervient. Il délivre les traitements ordonnés par le médecin de l’établissement. Il va ainsi être une personne centrale pour les personnes accompagnées, qui le rencontrent régulièrement pour prendre leur traitement, généralement une fois par semaine. Il a à cœur de créer du lien avec les personnes qu’il reçoit. “Quand ils viennent, si j’ai le temps, je discute une demi-heure avec eux, ça leur fait du bien”. Un moment crucial pour ces personnes isolées et une parenthèse dans leur vie à la rue ou en hôtel. Une confiance s’est tissée peu à peu : les patient·e.s se confient sur leur quotidien, racontent leurs galères et leurs victoires, aussi. Cela lui arrive souvent de prendre en charge les petits bobos ou les petites maladies qui peuvent survenir. Quand on lui demande ce qui l’anime dans son métier ? “Le lien avec les gens. C’est très différent de l’hôpital, où les soins sont plus techniques, mais où on a moins de temps pour chaque patient.

Le Crack, qu’est-ce que c’est ?

Fortement addictif, le crack est de la cocaïne sous forme de cristaux que l’on peut fumer. Consommée de cette façon, la drogue atteint très rapidement le cerveau, ce qui provoque une euphorie plus grande que lorsque cette drogue est prisée (aspirée par le nez). La descente et le manque sont aussi démultipliés. La phase de descente, très brutale, se traduit par un épuisement généralisé, de l’anxiété, une grande tristesse, voire un état dépressif. A usage répété ou à forte dose, le consommateur peut également être victime de délires paranoïaques et d’hallucinations sensorielles. 

La plupart des personnes qui poussent la porte de l’établissement sont dans une situation de grande précarité : sans domicile ou ont connu la rue, bien souvent. Elles viennent alors au CSAPA pour prendre leur traitement mais aussi pour se reposer la journée et la nuit dans des espaces dédiés, pour se doucher ou prendre un repas. D’autres travaillent, touchent un revenu, ont un logement, mais sont addictes et ont besoin des soins ou du matériel de réduction des risques délivrés par cet établissement. 

« Moi ça fait pas longtemps que je suis dans le crack» nous confie l’une des personnes accueillies. « Ça fait que 4 ans et demi, quand y’en a plein qui viennent ici qui prennent depuis 15 ans. C’est le décès de ma mère qui m’a fait plonger, j’ai pas supporté le deuil. Alors que tout le monde m’a dit « ne touche jamais à ça », une fois j’ai fumé, et c’était fichu.Maintenant, ça va, je suis en train d’arrêter. Ici, ils sont bien ici. Ça fait plus de deux ans que je viens, pendant 9 mois je venais même y dormir, mais maintenant j’ai un appartement. Ici ils prennent le temps. Si t’as des soucis pour d’autres trucs, même si t’as des problèmes de papier et tout, ils te créent un dossier et ils t’aident.» 

Parce que les dépendances sont complexes, elles nécessitent effectivement un accompagnement global. Sur le volet social, les éducateurs et éducatrices au sein du CSAPA les accompagnent dans leurs démarches administratives : accès au droit, à la domiciliation, etc. Pour mener à bien sa mission “le travailleur social doit connaitre son territoire et celui des personnes qu’il accompagne” nous expliquent-ils. Aussi, l’équipe travaille en lien avec d’autres structures associatives ou publiques du coin. Cependant, “le piège, en accompagnant ces personnes, c’est de ne se soucier que des aspects vitaux et des démarches administratives” affirme une éducatrice. Alors un objectif pour elle : créer des espaces de socialisation qui leur change les idées et ne soient pas en lien avec la rue ou leur problème d’addiction. Le Sleep In propose d’ailleurs un espace de repos ouvert chaque jour, sans condition à l’adhésion de l’usager à une démarche de soins en lien avec ses problèmes d’addiction. Des animateurs et animatrices sont là pour échanger, proposer des petites activités et ainsi rompre avec la monotonie du quotidien, essentiel pour les sortir du cercle vicieux de la dépendance et de l’isolement. C’est aussi ça, soigner.

Accompagner les personnes consommatrices de crack

Depuis plusieurs années, les équipes du Groupe SOS se mobilisent pour améliorer les conditions d’accueil, d’hébergement et d’accès aux soins des personnes consommatrices de crack et/ou cocaïne basée. Malgré deux « Plans crack » mis en place à Paris, en 2005 puis 2019 ; qui ont permis la création de places dédiées ainsi que différentes mesures de soins et réductions des risques, le phénomène ne se résorbe pas dans la capitale.

En 2022, suite à un appel de la Direction Générale de la Santé aux différents acteurs, le Groupe SOS Solidarités s’est mobilisé, sur l’ensemble du territoire, pour apporter des réponses d’hébergement et d’accompagnement médico-social adaptés dans les régions d’implantation de l’association (Occitanie Est et Ouest, PACA et Normandie). Les équipes des CSAPA ambulatoires, CAARUD, CSAPA résidentiels et Communautés Thérapeutiques ont participé aux groupes de travail dédiés, aux espaces d’échanges des pratiques et de traitement des situations pour mettre en place des parcours individuels et coordonnés.

En 2023, les Agences Régionales de Santé (ARS) IDF et Occitanie ont visité une structure particulièrement sollicitée : le CSAPA Entr’actes, à Montpellier. La qualité de leur accompagnement a été saluée par tous. Cet établissement, qui propose aux personnes accueillies un temps de pause, un accompagnement post-sevrage et la construction d’un parcours individualisé, a démontré la pertinence de son action pour les personnes consommatrices de crack et cocaïne basée.

En savoir plus sur les actions du Groupe SOS pour les personnes addictes

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