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« Au-delà du seuil de la faim » : Andès dévoile les résultats du premier Baromètre national des travailleurs pauvres

1 mai 2025 • ACTUALITÉS

En 2025, avoir un emploi ne garantit plus un accès suffisant à la nourriture. Andès, l’association nationale des épiceries solidaires, publie un baromètre inédit, réalisé avec Ipsos, qui met en lumière l’ampleur du phénomène des travailleurs et travailleuses pauvres.

Le baromètre national des travailleurs pauvres, qu’est-ce que c’est ?

Le Baromètre national des travailleurs pauvres, mené par Ipsos pour Andès du 25 février au 4 mars 2025, s’appuie sur une enquête réalisée auprès de 1 000 travailleurs âgés de 18 à 67 ans, en situation de pauvreté et/ou de précarité. L’étude explore en profondeur leurs pratiques alimentaires, leurs contraintes budgétaires, leur état de santé, leur contexte de vie, ainsi que leur accès à l’alimentation. Cette analyse permet de dresser un panorama précis des réalités quotidiennes de ces actifs pauvres et précaires, en mettant en lumière les difficultés rencontrées malgré leur emploi.

« Le constat est très préoccupant : près de 10 % de la population active souffre de la faim, que ce soit en quantité ou en qualité, malgré leur emploi. »

Yann Auger, directeur général de l’association Andès.

Qui sont les 1000 travailleurs et travailleuses pauvres interrogés ?

A baromètre inédit, échantillon inédit : les 1000 actifs répondants sont en situation d’emploi précaire (CDD, contrat aidé, apprentissage ; intérim ; temps partiel subi ; indépendant) et/ou sous le seuil de pauvreté (établi par l’Insee à 60 % du niveau de vie médian de la population).

Pourquoi cette étude ?

Andès a souhaité réaliser cette enquête de fond afin de rendre visible et de rendre audible un problème de société majeur. D’abord, les 630 épiceries de son réseau font part de l’augmentation continue dans leurs files actives du nombre de travailleurs pauvres. Par ailleurs, Andès vise à caractériser la situation de précarité des travailleurs pauvres dans sa globalité et dans ses multiples incidences croisées. Il s’agit pour Andès d’alerter les pouvoirs publics, les représentants politiques, les partenaires privés, les médias et le grand public au sujet d’une réalité choquante, qui concerne tout un chacun et le pays entier. Et enfin, de mieux faire connaître les épiceries solidaires comme dispositif adapté aux besoins en aide alimentaire et en accompagnement social, notamment pour les travailleurs pauvres.

Les résultats du baromètre national des travailleurs pauvres

Travailler, et pourtant avoir faim : un constat, plus un paradoxe

Le premier Baromètre national des travailleurs pauvres révèle des chiffres alarmants : 53 % des travailleurs pauvres déclarent ne pas manger à leur faim, 40 % sautent régulièrement des repas, et 77 % redoutent une plus forte précarité encore dans les mois à venir. Cette enquête met en lumière un phénomène social invisible : l’insécurité alimentaire touche également celles et ceux qui travaillent. Face à l’inflation, aux contrats précaires et aux revenus fragiles, l’alimentation devient le révélateur implacable de la précarité.

L’enquête chamboule une idée reçue : en 2025, travailler ne garantit plus une vie décente.

Instabilité professionnelle : quand l’emploi fragilise

Les travailleurs pauvres subissent des parcours d’emploi morcelés et instables. 21 % ont connu le chômage ces deux dernières années (contre 16 % pour l’ensemble des actifs), 20 % ont été confrontés à des difficultés familiales affectant leur emploi, et 14 % ont dû prendre un congé pour s’occuper d’un proche (contre 7%). Près de 60 % ont accepté des temps partiels ou des horaires atypiques par nécessité, et 36 % cumulent plusieurs emplois. Cette précarité prolongée impacte leur santé : 80 % ont ressenti de l’anxiété ou de la nervosité au cours de l’année écoulée, 75 % se déclarent en mauvaise forme, et 45 % anticipent une détérioration de leur santé.

Le budget alimentaire, variable d’ajustement douloureuse

Le budget alimentaire est devenu une contrainte brutale : 83 % des répondants ont réduit leurs dépenses alimentaires cette année.

Leur budget hebdomadaire ne suffit pas à couvrir le panier de courses de base.

L’alimentation, autrefois source de plaisir, devient désormais une source de stress et de privation.

Manger sous contrainte : peu de variété, peu de choix

L’alimentation des travailleurs précaires est marquée par la contrainte. 74 % consomment principalement des féculents, non pas par choix mais par obligation. 69 % estiment qu’une alimentation saine est trop coûteuse, et deux tiers déclarent ne pas pouvoir manger suffisamment de fruits, de légumes frais ou de protéines animales.

Les produits festifs, comme le chocolat ou la viande de qualité, sont devenus inaccessibles, rendant la diversité alimentaire un luxe inaccessible.

Les enfants, premiers touchés : privations et stratégies de survie

Les parents interrogés dressent un portrait préoccupant de l’alimentation de leurs enfants : 61 % ne peuvent leur offrir des aliments plaisirs, 34 % limitent leurs portions, et 27 % ne peuvent pas nourrir leurs enfants à leur faim. Certaines stratégies s’imposent : 22 % des parents conseillent à leurs enfants de « manger le plus possible à la cantine » pour compenser les manques à la maison. Les repas des enfants sont eux aussi marqués par la répétition et la pauvreté nutritionnelle : 63 % sont essentiellement nourris de féculents, et 60 % ne mangent pas de manière variée.

Cuisiner devient un obstacle

Cuisiner au quotidien devient un défi pour de nombreux travailleurs pauvres. 36% trouvent cela difficile. Le manque de temps (45%), la solitude (37%), la fatigue ou le manque d’équipement (25%) sont des obstacles récurrents.

Résultat : 23% se nourrissent fréquemment de plats préparés ou de restauration rapide, un chiffre qui grimpe à 29 % chez les hommes et à 34 % chez les moins de 35 ans.

Aides alimentaires : un recours insuffisant malgré l’urgence

Malgré l’urgence de la situation, seuls 36 % des travailleurs pauvres ont recours aux aides alimentaires. Ce faible recours s’explique par le sentiment d’inéligibilité (56 %), le manque d’information (64 %), ainsi que la gêne et la honte à demander de l’aide (32 %). Cependant, ceux qui ont eu recours aux épiceries solidaires, en ressortent satisfaits : 73 % ont mieux géré leur budget alimentaire, 69 % ont eu accès à des produits frais, 62 % ont amélioré l’équilibre de leur alimentation, et 65 % ont retrouvé de la confiance en leurs capacités à surmonter les difficultés.

Andès : un réseau solidaire enraciné dans la réalité sociale

Fondée en 2000, Andès (Association Nationale des Épiceries Solidaires) est l’un des principaux réseaux d’aide alimentaire en France. Andès est une association du Groupe SOS, organisation à but non lucratif engagée en faveur du vivre-ensemble. Depuis 40 ans, le Groupe SOS développe et unit des associations et entreprises sociales, reliées par leur engagement social et environnemental.

Présente sur tout le territoire et en Outre-mer, Andès fédère plus de 630 épiceries solidaires qui accompagnent chaque année plus de 260 000 personnes vulnérables.

Son modèle repose sur une approche innovante : permettre aux bénéficiaires de choisir librement leurs produits, à moindre coût (20 % du prix du marché), dans un cadre respectueux et non stigmatisant.

Face à l’élargissement de la précarité alimentaire, y compris parmi les actifs, Andès défend une vision inclusive de l’aide alimentaire, fondée sur le choix, la qualité nutritionnelle, et l’accès à une alimentation saine et digne pour tous.

Parce que manger à sa faim, de manière équilibrée, ne devrait jamais dépendre de la nature ou des revenus de son travail.

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