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L’insertion professionnelle des personnes réfugiées

16 décembre 2022 • ACTUALITÉS

Le Groupe SOS, groupe associatif leader de l’entrepreneuriat social en Europe, présente, à l’occasion de la Journée mondiale des personnes migrantes et des personnes réfugiées, les résultats de son étude sur l’insertion socio-professionnelle des personnes bénéficiant de la protection internationale. L’objectif : interroger les réfugiés pour identifier leurs profils, leurs besoins ; questionner des employeurs et des travailleurs sociaux, et ainsi mieux connaître les freins à leur emploi, et les actions à mettre en place. De cette étude, le Groupe SOS et Groupe SOS Consulting en publient aujourd’hui les résultats, et formulent quatre propositions principales pour favoriser l’insertion professionnelle des personnes réfugiées.

En France, entre le 24 février et le 9 juin 2022, 59 337 personnes déplacées ont été recensées à l’entrée du territoire national, dont 98% de ressortissants ukrainiens. Près de 3 500 d’entre elles et eux ont été accueillies au sein des structures du Groupe SOS. Au-delà de la solidarité spontanée de citoyens, la guerre en Ukraine a suscité une solidarité de la part des entreprises, qui se sont engagées pour former et employer les réfugiés ukrainiens. Les personnes réfugiées sont la plupart du temps accueillies dans l’urgence, ce qui ne permet pas toujours de bien connaître leurs besoins spécifiques d’accompagnement vers l’emploi.

Le Groupe SOS, aux côtés de Groupe SOS Consulting, activité de conseil transverse du Groupe SOS, a souhaité lancé une étude, en collaboration avec les réfugié.es accueilli.es et les professionnels de terrain, pour mieux connaître les profils des personnes placées sous protection temporaire (ici les ukrainiens), des réfugiés venus d’autres pays, leurs compétences, et ainsi connaître les besoins spécifiques d’accompagnement vers l’emploi.

Les résultats de l’étude

Les résultats auprès des personnes bénéficiant de la protection internationale (BPI), spécifiquement les personnes bénéficiant de la protection temporaire (BPT)

Les personnes bénéficiant de la protection internationale présentent des caractéristiques socio-démographiques et économiques spécifiques :  majoritairement des femmes, entre 30 et 40 ans, séparées de leur conjoint resté au pays, et avec un niveau de qualification élevé.

L’accès à l’emploi en France est identifié comme important par 80% des répondant.e.s, la moitié étant déjà en recherche d’emploi (51%). 75% d’entre elles et eux envisagent une reconversion professionnelle.

De plus, les freins à l’insertion professionnelle sont multiples : la barrière de la langue, l’accès au logement, ou encore la connaissance du marché du travail. Les autres bénéficiaires de la protection internationale sont davantage contraints par l’urgence de disposer d’une source de revenus, ce qui, ajouté à leur faible niveau de qualification, les pousse souvent à accepter n’importe quel travail, même non déclaré et précaire.

Les résultats auprès des travailleurs sociaux en structures d’accueil

Parmi les retours des travailleurs sociaux, on retrouve une forte demande d’amélioration des régimes d’accueil de tous les bénéficiaires avec des procédures administratives simplifiées et accélérées comme ce fut le cas pour les Ukrainiens, mais aussi la volonté de renforcer les liens avec les entreprises pour les encourager à embaucher des bénéficiaires.

La sensibilisation et la formation des prescripteurs comme les conseillers Pôle Emploi ou encore les agents de Préfecture sur les besoins de ces publics ont aussi été relevées.

Les résultats auprès des entreprises

Les bassins d’emploi d’Île-de-France et de PACA sont dynamiques, avec des projets de recrutement en hausse mais une difficulté à embaucher : l’IDF compte près de 532 980 projets de recrutement (+11,6% par rapport à 2021). La région PACA présente 291 000 projets (+13,6%). Ce sont les agglomérations qui concentrent le plus de projets de recrutement, ce qui soulève des enjeux d’accessibilité pour les bénéficiaires de la protection internationale : le coût de la vie y est élevé, et l’accès au logement laborieux.

L’intégralité (100%) des employeurs interrogés font part de leur expérience positive après l’accueil d’une personne réfugiée au sein de leur entreprise.

Les employeurs interrogés expriment néanmoins des besoins d’accompagnement, portant sur la formation/sensibilisation des managers pour lutter contre les stéréotypes, la préparation de l’accueil de personnes BPI, ainsi que l’adaptation du cadre de travail (horaires, accessibilité du lieu de travail).

Cadre juridique et dispositif de soutien

La création d’un statut de bénéficiaire de la protection temporaire a permis d’expérimenter des dispositifs simplifiés et accélérés pour l’accueil et l’insertion des publics déplacés venus d’Ukraine. Se pose actuellement la question de la pérennisation de ces dispositifs et de leur généralisation à d’autres publics également bénéficiaires de la protection internationale. De plus, l’opacité du système d’équivalence des diplômes et la rigidité des systèmes de validation des compétences peuvent constituer des freins administratifs importants, dissuasifs pour les employeurs et induisant parfois un déclassement professionnel et social pour les personnes étrangères.

4 recommandations principales pour une meilleure intégration socioprofessionnelle des personnes réfugiées

Cette étude menée par le Groupe SOS permet de formuler plusieurs recommandations pour l’accompagnement à l’insertion socioprofessionnelle des personnes bénéficiant de la protection internationale.

Un accompagnement global et individualisé à l’emploi, notamment à l’échelle territoriale

L’insertion professionnelle des bénéficiaires de la protection internationale se trouve limitée par la présence de freins à l’emploi : accès à un logement, maîtrise du français, mobilité, garde d’enfants, maîtrise des outils numériques, santé physique et mentale…

Les programmes d’accompagnement global et individualisé à l’échelle territoriale sont particulièrement efficaces : ils prévoient un bilan complet de la situation des personnes lors d’entretiens individuels, puis proposent l’accès à un accompagnement sur mesure en lien étroit avec les acteurs du service public de l’emploi. Il faut donc maintenir, en complément des futures plateformes AGIR, centrées sur la question de l’emploi et du logement, des projets d’accompagnements renforcés pour celles et ceux qui cumulent certains freins à l’emploi notamment sur les questions de santé, de langue, de fracture numérique, de mobilité… De plus, il est impératif de reconnaitre plus rapidement les permis de conduire et les compétences via une adaptation des VAE aux compétences acquises dans des pays étrangers ou lors des parcours d’exil.

Un accompagnement à la mobilité géographique

Conditions éprouvantes de leur arrivée, regroupements, manque de repères, méconnaissance des opportunités en régions… La mobilité est source d’appréhension pour les bénéficiaires de la protection internationale. Pourtant, certains territoires présentent davantage de perspectives d’emploi et de meilleures conditions de vie.

Des expériences réussies – tels que  le programme EMILE déployé par le Groupe SOS à Rouen – illustrent le besoin d’accompagner les mobilités géographiques des personnes réfugiées, avec l’ensemble des acteurs des communes d’accueil (élus, associations, employeurs, citoyens, etc.).

Des cours de français langue étrangère (FLE) à visée professionnelle, et la possibilité d’ouvrir ces cours aux demandeurs d’asile pendant la procédure d’instruction de leur demande ;

La maîtrise du français est l’un des principaux freins à l’accès à l’emploi des personnes réfugiées. L’apprentissage du français langue étrangère (FLE) à visée professionnelle doit être initié le plus tôt possible dans la démarche d’accueil. Il faut ouvrir l’apprentissage du français dès le dépôt de la demande d’asile et compléter les cours de FLE obligatoire de l’OFII, souvent insuffisants, par des ateliers sociolinguistiques à vidée professionnelle.

Pour qu’il soit efficace, l’apprentissage du FLE doit se faire de concert avec un bilan de compétences du bénéficiaire, et donner une large place à des mises en situation pratique.

L’accompagnement et la formation des employeurs ;

De nombreux employeurs sont confrontés à des difficultés de recrutement. C’est le cas dans les secteurs/métiers en tension dans les territoires plus isolés. Un certain nombre d’employeurs ont manifesté leur envie d’embaucher des personnes réfugiées, mais malgré la bonne volonté, des freins subsistent.

L’accompagnement et la formation des employeurs sont indispensables : sensibilisation/formation des managers afin de lutter contre les stéréotypes ; préparation de l’accueil de personnes BPI/BPT ; adaptation du cadre de travail (horaires, accessibilité du lieu de travail…). Il faut impérativement ouvrir des enveloppes dédiées à la formation des entreprises à l’accueil des personnes étrangères (interculturalité, etc) et développer les mises en lien individuelles via le tutorat, le parrainage…

Il pourrait être pertinent de créer des services sociaux au sein des entreprises, des branches sous forme de MEDEF départementaux, pour accompagner les personnes étrangères embauchées selon leurs besoins : leur maitrise de la langue, des codes socio-culturels, leurs droits souvent encore fragiles (sécurité sociale, CAF…). La durabilité de leur relation à l’emploi, leur bien-être dans leur fonction et leur environnement professionnel, dépendent largement de leur capacité à trouver de l’aide pour se repérer dans les procédures de l’administration française, maitriser leur communication, et éviter les ruptures qui conduiraient inévitablement à une situation d’exclusion.

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> A voir : « Migrants, il reconstruisent leur vie grâce à la cuisine » : un portrait en vidéo d’Indika et Sandamali, couple de réfugiés sri-lankais

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