Acualités Groupe SOS

ACTUALITÉS

Tribune collective : « Pour devenir le nouveau leader du monde libre, l’Europe doit agir avec courage et conviction », publiée dans Le Monde le 26 mai 2025  

28 mai 2025 • ACTUALITÉS

Le revirement politique des Etats-Unis de Donald Trump offre à l’Union européenne l’occasion de devenir la cheffe de file de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés. Une responsabilité qu’elle doit embrasser en défendant ces valeurs à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, notamment en Ukraine.  

Une tribune publiée le 26 mai 2025 dans le journal Le Monde, signée par Jean-Marc Borello, Président du Directoire du Groupe SOS 

Aujourd’hui, en 2025, nous constatons avec tristesse que les Etats-Unis, autrefois leaders du monde libre, se sont de plus en plus mis en retrait de leurs responsabilités internationales. Pis, sous la nouvelle administration Trump, les Etats-Unis n’ont cessé de s’aligner sur les narratifs autoritaires de Vladimir Poutine, ont coupé des financements cruciaux pour les initiatives internationales, ont agi contre la Cour pénale internationale, ont cessé de soutenir plusieurs journalistes, et ont menacé d’expulser des réfugiés politiques et des chercheurs. Ce repli a laissé un vide dans la gouvernance mondiale que seule l’Union européenne (UE) peut désormais combler. 

Cette dernière à l’occasion de réaffirmer son engagement envers la Charte européenne des droits fondamentaux. Cela implique de se dresser fermement contre les régimes autoritaires qui répriment la dissidence, violent les droits de l’homme et sapent les institutions démocratiques. L’UE doit donc assumer sa force diplomatique et économique et l’utiliser pour faire pression sur ces régimes. 

La guerre en Ukraine, en particulier, est un test de la détermination de l’UE, qui doit accroître son soutien et placer les valeurs humanistes au cœur des négociations de paix, comme le demande « People First », une campagne internationale portée par des organisations non gouvernementales (ONG) ukrainiennes et russes, unies pour appeler d’une seule voix à ne pas oublier les otages du conflit. 

En Géorgie, des manifestants pro-européens se réunissent depuis des semaines, opposés au gouvernement proche de la Russie.

Conformément au droit international, l’Europe doit exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils ukrainiens capturés et détenus par le Kremlin. Ceux dont les foyers se trouvent dans des zones illégalement occupées par la Russie doivent avoir la possibilité de les quitter pour rejoindre des zones contrôlées par le gouvernement ukrainien s’ils le souhaitent. Tous les enfants transférés de force ou déportés doivent être rendus, et le rapatriement rapide des prisonniers ukrainiens déportés et des patients des institutions médicales fermées doit être assuré. L’UE doit également plaider pour le retour des prisonniers de guerre par le biais d’échanges ou d’autres moyens, dès que possible, et au plus tard à la fin des hostilités actives, comme l’exigent les conventions de Genève. 

Les prisonniers politiques russes doivent eux aussi être libérés et ne faire l’objet d’aucune restriction de leur liberté de mouvement, y compris avoir la possibilité de voyager à l’étranger. De même pour les prisonniers politiques biélorusses et les activistes, journalistes et défenseurs des droits de l’homme géorgiens : tous ceux qui sont persécutés par le régime de Poutine et ses alliés doivent être soutenus. En travaillant à leur liberté, l’Europe occupera sa juste place dans les négociations de paix, puisqu’elle agira non pas en vue d’obtenir de potentiels bénéfices financiers, comme le font les Etats-Unis, mais pour les droits de l’homme. 

Politique d’accueil des réfugiés

Pour devenir le véritable nouveau leader du monde libre, l’Europe doit augmenter considérablement le financement des chercheurs et des ONG qui travaillent sur la démocratie, les droits de l’homme et les questions de société civile, et attirer plus de talents de l’étranger, y compris des Etats-Unis et des régimes autoritaires. Ces organisations sont en première ligne dans la bataille pour la liberté et méritent un soutien robuste. 

En investissant dans la recherche et la société civile, l’UE peut élever un bouclier démocratique contre l’extrémisme et l’autoritarisme, en aidant des femmes et des hommes à être mieux informés et à s’engager pour la démocratie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Cela concerne également les réfugiés et les demandeurs d’asile, en particulier ceux qui craignent l’extradition vers des pays autoritaires. Nous ne devons pas tourner le dos à ceux qui fuient les persécutions en raison de leurs actions prodémocratiques et antiguerre. L’UE doit adopter une politique d’accueil des réfugiés plus humaine et plus complète qui privilégie la protection et l’intégration. Cela inclut de garantir qu’aucun réfugié ne soit renvoyé de force en Russie ou en Biélorussie, où ils pourraient subir de nouvelles persécutions. 

De plus, des journalistes qui ont longtemps été des voix pour la liberté et la démocratie dans des régions où ces valeurs sont menacées doivent être accueillis et soutenus. Cela enverrait un signal fort quant à l’engagement de l’UE en faveur de la liberté des médias et de la libre circulation de l’information. 

 

Aujourd’hui, l’UE doit agir avec courage et conviction. En défendant les droits de l’homme, en soutenant l’Ukraine, en renforçant les chercheurs et les ONG, en adoptant une politique d’accueil des réfugiés plus humaine, en défendant la liberté des médias et en renforçant l’Etat de droit, l’UE peut affirmer son rôle de leader du monde libre. Nous exhortons les dirigeants européens à saisir ce moment et à défendre les valeurs qui font partie intégrante de notre identité. Le monde nous regarde, et l’avenir de la liberté et de la démocratie est en jeu.  

Signataires :  

Alice Barbe, cofondatrice de l’association Singa et de l’Académie des futurs leaders ;  

Jean-Marc Borello, président du Directoire du Groupe SOS ;  

Tamara Demuria, présidente de l’association Géorgie vue de France ;  

Zhanna Nemtsova, cofondatrice de la Fondation Boris Nemtsov pour les libertés (Allemagne); 

Olga Prokopieva, directrice de l’association Russie-Libertés et à l’initiative de cette tribune ; 

 Sylvie Rollet, présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ;  

Kety Sharukhia, secrétaire générale de Géorgie vue de France ;  

Vera Yastrebova, directrice du Eastern Human Rights Group (Ukraine). 

 

A lire également

6 juin 2025

Le Groupe SOS et ARPAVIE : un rapprochement pour faire émerger un acteur non lucratif majeur au service du grand âge

Ce vendredi 6 juin, à l’issue du processus engagé en novembre 2024, le Groupe SOS et ARPAVIE annoncent avoir finalisé…

Lire la suite

5 juin 2025

La Philanthropie Climatique : un nouveau levier pour engager les entreprises dans la transition écologique 

Face à l’urgence climatique, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à chercher des moyens concrets de réduire leur…

Lire la suite

3 juin 2025

ACT+ : rendre accessible l’entrepreneuriat à impact en Europe

Le Groupe SOS promeut un entrepreneuriat ambitieux, solidaire, ancré dans le réel, et accessible à tous, y compris aux publics…

Lire la suite

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Témoignages, initiatives, événements…
Toute l’actualité du Groupe SOS dans votre boîte e-mail.

Les champs marqués par (*) sont obligatoires. Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer les lettres d’information sur notre activité. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la newsletter. Pour en savoir plus sur vos droits, veuillez consulter la charte de protection des données personnelles.