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Epicerie solidaire Terre’Anoé : l’aide alimentaire, et bien plus ! 

7 mai 2025 • ACTUALITÉS

12 euros. C’est le reste-à-vivre journalier maximum des personnes qui fréquentent Terre’Anoe, une épicerie solidaire du réseau d’Andès. Comment manger sain et à sa faim, avec si peu de ressources financières ? Ce commerce de proximité, pas tout à fait comme les autres, offrent aux personnes en difficultés économiques la possibilité d’accéder à des produits alimentaires variés, de qualité et à des prix hyper accessibles. Et bien au-delà : autonomie, dignité et entraide sont au cœur du projet. Immersion dans l’épicerie solidaire Terre’Anoe, à Saint-Maur des Fossés, un lieu unique qui propose bien plus qu’un simple espace de libre-service.

 

Mardi, 14h. Une petite foule d’une trentaine de personnes se presse à l’entrée de l’épicerie, située sur un rond-point passant de la ville de Saint-Maur-des-Fossés, en banlieue parisienne. Des hommes et femmes de tout âge, parfois accompagné·e·s d’enfants. Dès que la porte s’ouvre, les bénévoles distribuent des tickets numérotés, définissant un ordre de passage. Un espace a été emménagé, comme une salle d’attente, avec quelques jouets et livres pour enfants. Deux bénévoles proposent, tout sourire, le café et des petits biscuits, tandis que d’autres pointent sur une feuille le nom des clients et clientes présents. Les produits en rayon sont variés, de l’épicerie aux fruits frais en passant par des produits d’hygiène. Une brique de soupe d’1 litre ? 25 centimes. Un pot de cornichons bio ? 30 centimes. Les fruits et légumes ? 15 centimes le kilo. Vous l’aurez compris, cette épicerie n’est pas comme les autres. 

Les client·e·s sont proposé·e·s sur dossier par le Centre communal d’action sociale (CCAS). Trois critères permettent ensuite d’accéder à l’épicerie : résider à Saint-Maur ou à Joinville, une ville voisine partenaire ; avoir un resteàvivre journalier de moins de 12€, et avoir un projet de sortie de précarité trouver une formation, un emploi, rembourser une dette, monter un dossier d’allocation… « Dans les faits, la plupart des personnes ont moins de 3€ de reste-à-vivre. » nous détaille Marie, présidente et co-fondatrice de Terre’Anoe. « Vous imaginez, vous, avoir moins de 3€ par jour pour manger, s’habiller, se déplacer, sans compter toutes les autres petites dépenses incompressibles ? ». C’est pour faire face à ces situations de précarité que Terre’Anoe est née en 2016. 

« A l’époque, il n’existait aucune association dans la ville qui permettait aux personnes en difficultés de manger toutes les semaines à leur faim. Et ce qui nous a plu dans le concept d’épicerie solidaire, c’est qu’on aide les gens, mais qu’on les considère comme des clients. Les personnes se sentent plus libres et respectées, car elles peuvent choisir ce qu’elles veulent, gérer leur budget, comme n’importe quel consommateur dans n’importe quel supermarché ».

Les client·e·s accèdent à l’épicerie pour 6 mois, renouvelable une fois, avec un budget maximum à y dépenser. Ils et elles sont plus de 100, aujourd’hui, à avoir accès à l’épicerie. Pour accueillir autant de personnes dans cet espace limité, l’épicerie ouvre ses portes chaque mardi après-midi, chaque jeudi matin et deux samedis matin par mois. Et surtout, Marie peut compter sur des bénévoles motivé·e·s. « On a près de 50 bénévoles actifs, c’est-à-dire qui interviennent quasiment une fois par semaine. ». Un nombre conséquent, mais nécessaire : s’occuper d’une épicerie solidaire est loin d’être de tout repos, et dépasse largement les horaires d’ouverture. Lundi et mardi après-midi, il faut aller au Carrefour local récupérer des produits donnés par l’enseigne. Mardi matin, réceptionner des commandes de denrées achetées en ligne. Mercredi matin, passer au marché récupérer les invendus. Et avant, pendant et après chaque ouverture au public, il faut mettre en rayon, étiqueter, tenir la caisse, ranger… Murielle, bénévole depuis l’ouverture de Terre’Anoe, nous explique « On a la chance d’avoir plein de volontaires qui se présentent pour aider l’épicerie. Quand quelqu’un a un imprévu de dernière minute et ne peut pas venir, en général, dans les deux heures qui suivent, il y a un bénévole qui se propose ! On trouve facilement du soutien, on a une très bonne ambiance. » 

Pour apprendre à gérer l’épicerie, le collectif de bénévoles a dû faire appel à des expertises, explique Marie. C’est là qu’est intervenue, dès le début, l’association Andès, qui accompagne plus de 600 épiceries solidaires en France. « Quand on a lancé l’épicerie, il a fallu qu’on se forme ! Parce que nous, bénévoles, on ne savait pas comment faire, on n’ouvre pas une boutique comme ça, sans connaître les normes, les règles de gestion. Andès nous a formé, nous a appris la réglementation, l’hygiène, à utiliser les outils de caisses…  Et depuis ils continuent à être un soutien précieux. Par exemple en communication, en donnant une image nationale aux épiceries, ou en nous mettant en lien avec d’autres épiceries pour nous permettre de partager nos pratiques. Mais aussi en nous aidant à répondre à des appels à projets, à monter des dossiers de subventions, et pouvoir aller plus loin dans l’accompagnement. » 

« Aller plus loin » que l’aide alimentaire : c’est effectivement le rôle assumé de ces épiceries solidaires et de l’association Andès. Premier objectif : permettre une alimentation peu chère, certes, mais aussi variée et de qualité. A Terre’Anoe, on s’assure d’avoir des fruits et légumes frais de saison, tout le temps : 4 tonnes y ont été vendues en 2024. Un rayon entier est dédié aux produits bio, qui ont pu être achetés grâce à un partenariat noué par Andès au niveau national. 

Terre’Anoe, comme de nombreuses autres épiceries du réseau Andès, veut aussi assumer un rôle social. Des ateliers sont organisés les samedis après-midi par des bénévoles, pour créer du lien entre des personnes qui peuvent parfois se retrouver isolées. Ce samedi, c’est un atelier dessin, proposé par Eric, ancien professeur d’art appliqué et bénévole. Et, pour y avoir assisté, nous pouvons vous l’assurer : il prend son rôle très au sérieux, et ne transige pas sur la qualité de ce qu’il propose. Peintures, aquarelles, crayons pour s’entraîner à représenter des paysages, des objets ou des personnes. Eric donne patiemment de nombreux exercices pratiques, conseils et anecdotes artistiques, et suit avec attention l’évolution des techniques de ses « élèves » d’une séance à l’autre. Un participant nous montre l’une de ses œuvres, un paysage fait à l’aquarelle : « C’est Éric qui nous a appris à mettre du relief et à faire apparaître les effets de profondeur, qui n’étaient pas du tout évidents à réaliser pour moi ! ». Une petite évasion dans le quotidien de ces personnes, qui n’ont pas toujours le loisir ou les ressources pour passer des temps collectifs comme celui-ci. 

Ateliers créatifs, accompagnement social, espace de convivialité pour échanger et recréer du lien, tout est pensé dans les épiceries du réseau Andès, comme Terre’Anoe, pour aider les client·e·s bénéficiaires à aller de l’avant. En France, les difficultés économiques touchent de plus en plus de personnes. Les épiceries solidaires comme Terre’Anoe se multiplient et démontrent qu’elles sont une véritable réponse. Par exemple, 89% des personnes qui fréquentent les épiceries solidaires disent mieux s’alimenter aujourd’hui. Ce sont aussi des espaces où le vivre-ensemble et la solidarité prennent tout leur sens, offrant soutien, échange et un cadre pour se reconstruire. 86% des bénéficiaires, selon l’étude d’impact menée par Andes, dit se sentir moins isolé·e·s après avoir fréquenté les épiceries. Dans un monde où les défis sociaux ne cessent de croître, ces épiceries solidaires montrent qu’ensemble nous pouvons bâtir une société plus juste et plus. 

En 2025, avoir un emploi ne garantit plus un accès suffisant à la nourriture. Andès, l’association nationale des épiceries solidaires, a publié un baromètre inédit, réalisé avec Ipsos, qui met en lumière l’ampleur du phénomène des travailleurs pauvres.  

Le constat est très préoccupant : près de 10 % de la population active souffre de la faim, que ce soit en quantité ou en qualité, malgré leur emploi. 

L’étude explore en profondeur les pratiques alimentaires de 1000 travailleurs âgés de 18 à 67 ans, en situation de pauvreté et/ou de précarité, leurs contraintes budgétaires, leur état de santé, leur contexte de vie, ainsi que leur accès à l’alimentation. Cette analyse permet de dresser un panorama précis des réalités quotidiennes de ces actifs pauvres et précaires, en mettant en lumière les difficultés rencontrées malgré leur emploi. 

 

Découvrir le baromètre

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