Regards croisés France-Québec sur la prise en charge des auteurs de violences conjugales

Le CJPP « La Parenthèse » : un dispositif pionnier en France

Mis en place en 2022 dans le cadre d’une expérimentation nationale, le CJPP est une mesure judiciaire alternative à la détention provisoire, qui s’adresse à des personnes mises en cause ou condamnées pour des faits de violences conjugales. Ce placement probatoire en hébergement est encadré par le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) et repose sur une prise en charge globale : sanitaire, sociale, éducative et psychologique.

Le CJPP « La Parenthèse » à Tours propose 15 places en appartements diffus et en colocation. Les personnes accompagnées y bénéficient d’un suivi individualisé et d’un parcours intensif comprenant jusqu’à trois rendez-vous hebdomadaires. Ce programme vise à prévenir la récidive en travaillant dès l’avant-procès sur la prise de conscience, la responsabilisation, la compréhension des violences exercées et la reconstruction de comportements non violents.

Le colloque de Québec a permis de mettre en lumière la spécificité de cette approche française. De fait, au Québec la responsabilisation des auteurs repose principalement sur des démarches volontaires portées par un réseau dense d’associations communautaires majoritairement regroupé dans le réseau à Cœur d’Homme. En revanche, l’accueil en hébergement en amont de la condamnation reste inexistant.

Au CJPP “La Parenthèse”, comme au CJPP “Le Rebond” à Paris, l’hébergement ne constitue pas seulement une modalité logistique : il est un outil-clé dans le travail de responsabilisation. Il permet d’abord de créer une distance physique et psychologique nécessaire entre les membres du couple, condition souvent indispensable à l’émergence d’une prise de conscience.

Dans un cadre sécurisé, les personnes accueillies sont confrontées à de nouvelles règles de vie : respect des horaires, gestion du budget, organisation des repas et de l’entretien du logement.

La colocation, lorsque proposée, constitue également un terrain d’expérimentation sociale. Elle permet de travailler la gestion des conflits par la médiation, et favorise la recherche d’alternatives à la violence. Enfin, l’autonomie dans la gestion du quotidien renforce l’estime de soi et la capacité à se projeter dans une vie structurée, sans violences.